// INFLUENCES // Les vidéos Street-walk

A LA DÉCOUVERTE VIDÉOGRAPHIQUE DU TERRITOIRE


 Depuis le début de l’humanité, notre bipèdie reste le meilleur allié pour parcourir les espaces qui nous entourent. Que le contexte soit urbain ou rural, la marche est certainement l’une des premières activités liées à la découverte du territoire. Des pas inconsciemment décisionnaires qui façonnent les chemins parcourus et les directions prises. Sources d’inspirations et d’influences, les ballades urbaines s’entrevoient comme bases de réflexions pour de nombreux artistes urbains. De Jim à Blago, le repérage et l’analyse des lieux sont les prémices de leurs créations extérieures. Alors que nos trajets en villes sont de plus en plus motorisés, la marche reste pourtant un moyen de déplacement symbolique puisque primitif. Internet représente un indéniable facteur d’accessibilité à l’information. A l’heure où la numérisation des données en tout genre n’a jamais été aussi forte, la découverte des territoires s’appréhende maintenant par simple clics distanciés. La géographie n’échappe pas à cet enregistrement informatique massif, bien au contraire. Souvenirs de territoire conquis, l’abondance photographique constatée sur le net offre alors une accessibilité imagée à l’ensemble des espaces foulés. Tout en représentant une réelle évolution pratique pour le repérage des lieux, les vues par satellites ou encore les « streets views » sont autant de manières impersonnelles de visiter des espaces inconnus.

 

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De sites spécialisés, de voyageurs, de blogueurs ou d’artistes, les photographies de nos territoires de vies emplissent le net. Il est possible d’arpenter en images tout lieu qui a un jour suscité capture visuelle. Comme une continuité évidente, les vidéos n’auront pas tardé à apparaître, proposant ainsi une nouvelle approche du contexte urbain. Des caméras de vidéosurveillance accessibles en direct, aux clips musicaux, en passant par les extraits documentaires, la rue ne nous est pas inconnue à l’écran. Malgré sa présence déjà remarquée, un nouveau genre de vidéo se positionne étrangement dans les publications. Des marcheurs éclectiques et souvent anonymes postent sur la toile des vidéos de leur balade urbaine. Traversant une rue d’un bout à l’autre, l’objectif est d’offrir une vue représentative, brute et objective d’un espace donné. Des images en mouvement assorties d’une ambiance sonore révélatrice…

 

Une immersion dans le réel par un porté caméra à hauteur et une marche au pas. Populations, fréquentations, proportions, positionnements, ces vidéos deviennent alors des cartes postales anthropologiques et animées qui permettent de capter l’ambiance générale d’un lieu. Avec la recrudescence des systèmes de vidéosurveillance et l’évolution constante des technologies de captures d’images, ce genre de publications annonce la démocratisation future et à grande échelle du procédé. Comment anticiperons-nous nos déplacements après cet archivage vidéographique ? Quelles influences auront ces vidéos sur nos rapports à la découverte des territoires ? Les artistes de rue se serviront-ils de ces images comme base de repérages (comme c’est déjà le cas avec Google « street view ») ? Nous apporteront-elles un nouveau regard sur le monde ? Quel regard ? Autant de questions qui trouveront réponses avec le temps…

 

QUELQUES SOURCES


Rachel Thomas, Marcher en ville. Donner corps aux ambiances urbaines, Éditions des Archives Contemporaines, Paris, 2010

Georges Didi-Huberman, L’homme qui marchait dans la couleur (James Turrell), Les Éditions de Minuit, Paris, 2001

Walter Ruttman, Berlin: Symphonie d’une grande ville, 63 minutes, Allemagne, 1927

Konbini.fr, Harcèlement de rue : une femme se filme en caméra cachée dans New York, 2014

Ina.fr, Vidéosurveillance dans les lieux publics, France 2, paris, 2005

Zoxea, Boulogne tristesse, Tout dans ma tête, Paris, 2012

Khondo, Paris son âme,  Deux pieds sur terre, paris, 2006