« L’HOMME MARCHE DANS L’IMAGE »
« Les images sont inhérentes à notre vie moderne, nous en consommons et construisons tous les jours. Un doigt de porno et quelques clips de rap au quotidien. Pourquoi et comment sont-elles apparues ? Malgré une méfiance, elles nous obsèdent. Bien lucide de notre esprit dissipé, on ne peut pas décrocher, échec, la dame prend le fou, je perds le sens de l’humour. On s’interroge sur notre rôle d’artiste camé… et de la singularité de nos désirs… »
En le découvrant par écrit, nous avons vite saisi l’ampleur et la pertinence du positionnement artistique de ce jeune artiste. André Guiboux, né en 1987, passe par les Beaux Arts de Grenoble, c’est à ce moment qu’il développe ses premières réflexions autour de l’intervention artistique. Fasciné et captivé par les espaces publics, il transporte, sac au dos, sa créativité vagabonde sur les trottoirs de France et d’ailleurs. Non limitée à l’espace urbain, la richesse de ses travaux aborde l’activisme et sa retransmission dans le temps. En réflexion sur le statut et le rôle de l’image à notre époque, il propose une désacralisation de l’art par son expérience dans le réel. L’objet oeuvre devient alors pour lui plus qu’un nom commun, c’est avant tout un verbe d’action. Oeuvrer ! C’est sur cette base, qui nous à séduite, que nous avons eu le plaisir de rencontrer André. Avant l’enregistrement de ses travaux dans notre fond, voici un aperçu de ses recherches.
« L’intervention à son départ, ne possède aucune ambition artistique. Elle pourrait être définie par la contradiction de s’introduire dans un espace public. De l’ordre de l’effraction souvent qualifiée de subversive, rarement pour ses formes produites mais pour son geste ; geste qui le politise ; geste qui est de faire et faire usage de ; geste qui n’est pas de faire oeuvre mais d’œuvrer ; geste qui l’oppose à l’installation et geste qui ne requiert aucune compétence sinon une stratégie du faire (un mode opératoire), c’est-à-dire plus un vouloir faire qu’un savoir-faire. Un faire, non une esthétique du faire, ce n’est pas de la performance. Un geste (en général) anonyme d’une autorité individuelle ou collective sur un ensemble précis. Autoritaire dans le sens où elle colonise et se dégage de toute autorisation. «
Plaque d’identité collée à une voiture de police et fuite en roue arrière de velo’v.
Nettoyage au feu du parvis avec un balai espagnol customisé
Heurtoir de porte collé à la vitre de la Monte Paschi Banque
« L’intervention artistique manifeste un manque de visibilité et s’accompagne généralement d’une imagerie en vue de diffusion (plus généralement le bouche à oreille, quand l’intervention ne se prête pas au jeu de l’art). Elle prend un format documentaire ou d’archive pour que résiste le geste ou le résultat d’un geste hic et nunc à sa pérennité. Ces images n’ont à la base aucune prétention artistique, et le statut documentaire qui leur est infligé est malhonnête, car elles ne répondent à aucunes exigences de ce style et de ses caractéristiques (le mythe de l’objectivité, ou plutôt l’objectivité codifiée). Ces images sont autre chose… une autre chose qui au fil du temps m’a permis de constater que le geste performatif s’évanouissait dans sa représentation, c’est-à-dire que l’acte photographique est une ré-interprétation du passage sur l’état des choses (l’intervention). C’est comme si l’acte performatif insistait à vouloir rentrer «dans le réel» pour le faire disparaître du même coup par la photographie. L’acte photographique est finalement dans son essence reproductible, une antinomie de l’intervention. Elle ne montre plus un geste, elle est autonome. »
Panneau La Poste agencé à la croix centrale d’une chapelle, en amont d’une colline et visible à 360 degrés
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ŒUVRES ⇒ Bientôt, sélection d’œuvres qui intègrent le fond NAU
SITE DE L’ARTISTE ⇒ http://www.andreguiboux.com
INTERVIEW ⇒ Découvrez l’interview complète d’André Guiboux
ECRITS ⇒ A.Guiboux, La praxis du choix ou la particule de bite, Mém dir. Ludovic Burel, Ecole d’art et design, Grenoble, 2013